L’assurance crédit : comment faire jouer la concurrence pour réduire le coût de votre emprunt

L'assurance crédit : comment faire jouer la concurrence pour réduire le coût de votre emprunt

Pourquoi l’assurance emprunteur pèse lourd dans le coût global de votre crédit

Lorsqu’on parle de crédit immobilier, on pense immédiatement au taux d’intérêt. Pourtant, un autre poste de dépense peut grignoter votre budget de manière insidieuse : l’assurance emprunteur. En moyenne, elle représente entre 25% et 30% du coût total d’un prêt. Et pourtant, beaucoup d’emprunteurs acceptent l’offre de leur banque sans broncher. À tort.

Mais bonne nouvelle : depuis plusieurs années, la loi vous permet de faire jouer la concurrence. Et croyez-moi, ça peut valoir très cher… ou plutôt, vous en faire économiser beaucoup.

Petit rappel : qu’est-ce que l’assurance crédit ?

L’assurance emprunteur, aussi appelée assurance crédit, est une garantie exigée par les banques lorsque vous contractez un crédit immobilier. Elle a pour but de couvrir les risques de décès, d’invalidité, d’incapacité de travail voire de perte d’emploi (optionnelle), pour que le prêt continue d’être remboursé même si la vie vous joue un mauvais tour.

Le principe est simple : vous payez une prime mensuelle à un assureur, en échange de quoi il prend le relais sur les mensualités si un événement couvert vous empêche de rembourser. Jusqu’ici, tout va bien. Le hic ? Le tarif de cette assurance varie fortement selon l’établissement, les garanties choisies… et surtout selon votre profil (âge, métier, état de santé, fumeur ou non, etc.).

Pourquoi tant d’écarts de prix entre assureurs ?

La banque vous proposera la plupart du temps une assurance dite « groupe », c’est-à-dire un contrat collectif mutualisé. Il est simple à mettre en place, mais il repose sur une tarification standardisée.

À l’inverse, les assureurs alternatifs (aussi appelés délégués) proposent des contrats individuels, personnalisés selon votre situation. Résultat ? Des prix qui peuvent être jusqu’à 50% moins chers !

Imaginons Sophie, 32 ans, non-fumeuse, en CDI, en bonne santé. Sur un crédit de 200 000 € sur 20 ans, sa banque lui propose une assurance groupe à 0,36%, soit près de 15 000 € au total. Un assureur externe peut lui faire une proposition à 0,12% pour les mêmes garanties, soit… seulement 5 000 €. Oui, vous avez bien lu : 10 000 euros d’écart. Juste en changeant d’offreur d’assurance.

Les lois qui vous permettent de dire non à l’assurance de la banque

Il y a encore peu, l’assurance proposée par la banque était imposée d’office. Aujourd’hui, grâce à plusieurs réformes successives, vous avez des droits solides :

  • Loi Lagarde (2010) : vous permet de choisir librement une assurance crédit extérieure au moment de la souscription.
  • Loi Hamon (2014) : changez de contrat d’assurance dans les 12 mois suivant la signature du prêt, sans frais.
  • Amendement Bourquin (2018) : vous pouvez résilier votre contrat chaque année, à date anniversaire.
  • Loi Lemoine (2022) : clou du spectacle, elle vous permet de résilier à tout moment, sans condition de durée, et surtout sans frais. C’est une révolution silencieuse mais très puissante pour votre portefeuille.

Autrement dit, si vous n’avez jamais renégocié votre assurance emprunteur, il y a de fortes chances que vous payiez beaucoup trop cher… et que vous puissiez agir, dès maintenant.

Comment identifier si vous pouvez faire des économies ?

La première étape est simple : sortez votre offre de prêt, identifiez le coût de l’assurance emprunteur et son taux. Ce taux est souvent nommé TAEM (Taux Annuel Effectif de l’Assurance). Puis, renseignez-vous auprès d’autres assureurs pour comparer les garanties et les tarifs.

Attention : il ne suffit pas de trouver un contrat moins cher. Il faut impérativement que les garanties soient « équivalentes » à celles exigées par votre banque. C’est la condition sine qua non pour qu’elle accepte la substitution de contrat.

Un bon courtier ou comparateur peut vous y aider, en traduisant les garanties cryptiques d’un contrat en langage clair, et surtout en s’assurant que le nouveau contrat répond bien aux exigences de la banque prêteuse.

Faut-il passer par un courtier pour sa délégation d’assurance ?

Pas forcément, mais cela peut grandement faciliter vos démarches. Contrairement à la recherche d’un bien immobilier, peu de gens ont le temps ou les compétences pour éplucher des dizaines de contrats d’assurance. Les courtiers spécialisés disposent des bons outils et d’un réseau d’assureurs pour trouver rapidement une offre adaptée à votre profil.

Et la cerise sur le gâteau : la plupart du temps, leurs services sont gratuits pour vous. Leur rémunération vient de l’assureur choisi. Si vous trouvez que c’est trop beau pour être vrai, sachez qu’il s’agit simplement du modèle économique de ce secteur. Et tant mieux pour nous.

Changer d’assurance emprunteur : mode d’emploi

Vous avez trouvé une offre plus avantageuse avec des garanties équivalentes ? Parfait. Voici les étapes :

  • Comparez les offres avec un outil fiable ou un courtier spécialisé.
  • Signez la nouvelle offre d’assurance (elle ne prend effet qu’après acceptation par la banque, rassurez-vous).
  • Adressez une demande de substitution à votre banque avec le nouveau contrat et la fiche standardisée d’information.
  • La banque dispose de 10 jours pour vous répondre. Si elle refuse, elle doit motiver son refus par écrit. Et sans motif valable, ce refus est illégal.

Une fois l’accord obtenu, votre ancien contrat est résilié automatiquement, sans frais, et le nouveau prend le relais. À vous les économies.

Et si votre banque fait la sourde oreille ?

Malgré les lois en vigueur, certains établissements traînent encore des pieds. Exigences administratives excessives, réponses tardives, ou prétextes peu convaincants… si vous sentez que votre demande est volontairement freinée, il ne faut pas hésiter à faire valoir vos droits :

  • Rappel à la réglementation avec une lettre recommandée.
  • Saisine de l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution), qui peut rappeler une banque à l’ordre.
  • Contact d’une association de consommateurs, comme l’UFC-Que Choisir.

Heureusement, depuis la loi Lemoine, les pratiques s’améliorent. De nombreuses banques ont revu leur processus pour permettre une substitution plus fluide. Tant mieux, car un contrat groupé à 35 ans ne fait pas beaucoup d’heureux… sauf l’assureur.

Ce que vous pouvez gagner concrètement

Un petit calcul rapide pour illustrer :

Supposons un prêt de 250 000 € sur 25 ans.

  • Assurance groupe à 0,40% : coût total = 25 000 €
  • Assurance déléguée à 0,15% : coût total = 9 375 €

Économie potentielle : 15 625 € !

On parle ici du prix d’une voiture d’occasion, d’une cuisine équipée ou de plusieurs années d’épargne en plus sur votre livret. Voilà pourquoi il ne faut pas négliger cette étape.

Quand est-il le plus judicieux de renégocier son assurance ?

Plus vous êtes jeune et en bonne santé, plus les économies peuvent être importantes. Les profils dits « à risques » (fumeurs, métiers physiques, antécédents médicaux lourds) peuvent aussi trouver des polices mieux adaptées hors du contrat de groupe. Dans tous les cas, il est avantageux de comparer dès la souscription du prêt, mais aussi en cours de remboursement.

Gardez à l’esprit qu’un changement d’assurance est très rarement synonyme de contraintes techniques insurmontables… mais peut être un accélérateur de liberté financière.

En résumé : sortir de l’automatisme

Accepter l’assurance de la banque « par défaut », c’est comme signer un contrat les yeux fermés. Or, sur plusieurs dizaines d’années de remboursement, l’absence de réflexion coûte cher. Très cher.

Alors, que vous soyez futur propriétaire ou déjà engagé dans un crédit, le message est simple : comparez. Des dizaines d’euros par mois peuvent être économisés, avec un niveau de garanties équivalent, voire supérieur. Et n’oubliez pas : changer d’assurance emprunteur, c’est votre droit. Autant vous en servir.

Et si vous ne savez pas par où commencer ? Prenez le réflexe de consulter un courtier : c’est gratuit, sans engagement, et parfois, ça peut tout changer. 📉